Wednesday, March 08, 2006
Dans la rue.
Dans mon petit coin d'Amérique, j'ai droit tous les soirs à une demi-heure d'information en français, grâce à France2. Heureusement que mes voisins américains ne regardent pas cette obscure chaîne, consacrée aux télévisions étrangères, du journal polonais a celui du Sri lanka , en passant par tous les tons des langues asiatiques.
Pourquoi ``heureusement`` me dites vous? Eh bien, notre pays, déjà en butte à des plaisanteries peu méritées de ce côté-ci de l'Atlantique, serait définitivement ridiculisé si ils se rendaient compte du système politique qui y sévit depuis quelques générations.
Nous sommes censés élire, librement, des parlementaires, qui eux sont censés débattre , et aboutir par un vote démocratique aux lois qui régissent la société. Comme lesdits parlementaires viennent de diverses horizons politiques, les lois, forcément, sont des compromis qui tiennent compte des droits et devoirs de tous les citoyens.
Mais au lieu de cela, la rue s'est emparée du pouvoir. C'est la négation de la démocratie parlementaire. C'est l'avantage à celui qui crée le plus de chienlit et qui fait le plus peur à l'éxécutif. L'affaire du CPE en est un bel exemple , le référendum sur la constitution Européenne, hélas, aussi...:
Avant tout, il faut savoir que les emplois ne sont jamais créés par l'Etat, mais par des entrepreneurs. Mais soit....
Le gouvernement propose une loi d'aménagement du travail pour les jeunes, à la hâte, en réaction aux émeutes des banlieues.
Les partis de l'opposition et les syndicats (pourtant fort peu représentatifs) agitent les étudiants.
Et on descend dans la rue.
La méthode est la même pour les infirmières, les camionneurs, les pêcheurs etc..
En plus de la méthode manifs-grêves, il y a failite du modèle français auquel on s'accroche depuis 1936.
Dans mon comté de Fairfax, on est trop occupé pour faire des manifestations. La Virginie est un `Right to Work State`, c'est à dire un Etat où les syndicats ne peuvent faire de piquets ou forcer des ouvriers à se syndiquer. Et cependant les statisques laisseraient un français rêveur....
Sur 1 million d'habitants, le revenu moyen par famille est de 90 000$.
Seuls 8% des habitants ne sont pas assurés sociaux. Les blancs ne sont que 69% et 35% des ménages ne parlent pas anglais à la maison. 135 000 habitants sont nés ailleurs, et on reçoit chaque année plus de 20 000 immigrants légaux. Les sans-papiers sont certainement plus nombreux, mais en l'absence de toute aide sociale, à part l'accueil obligatoire à l'hopital et à l'école, ils trouvent tous du travail en grande majorité.
Le taux de chômage est de 2,4%, et le barême moyen des impôts sur le revenu est de 15%.
L'essence coute 50 centimes le litre. Et, bien que les études supérieures coutent cher (entre 15 000 et 45 000 dollars par an), plus de 70% des jeunes bâcheliers s'y inscrivent.
Bien sûr, comme Mme Aubry n'a jamais été élue ici, on travaille entre 40 et 70 heures par semaine. Les congés-payés sont limités à une dizaine de jours, et on ne connait ni les allocations familiales, ni le 13 eme mois, ni les ASSEDIC.
Mais avant de condamner l'économie ``ùltra-libérale``, nos petits manifestants anti-CPE feraient bien de faire un petit voyage d'études à Fairfax, en Virginie.
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